L’ÉGLISE

L’église Notre-Dame et Saint-Laurent est un bâtiment du 12ème siècle, tout comme le pont de Grez et la tour de Ganne. Elle était un prieuré-cure dépendant de St Jean de Sens depuis 1145.. Cet édifice est classé aux Monuments Historiques et il a plusieurs caractéristiques qui lui sont propres dès son origine, puis par des destructions et restaurations successives dues aux guerres.

L’église a été construite en forme de Tau (T), elle ne comporte pas de chœur proprement dit (il manque la branche supérieure d’une croix latine). L’autel se trouve juste au niveau de la croisée du transept. C’est sans doute un problème technique voire une volonté délibérée qui a présidé à cette forme. Techniquement il était difficile de construire sur une zone marécageuse et inondable (il existe un dénivelé de près de trois mètres entre le sol de l’église et le niveau du jardin extérieur : le fief de la Rivière). Les constructeurs ont pu être influencés par les Cisterciens qui ont construit plusieurs églises en forme de Tau. Pour éclairer le croisillon qui sert de chœur, trois fenêtres ogivales ont été ouvertes.
Le porche de l’église est protégé par un clocher qui ne devait pas exister à l’origine et qui a sans doute été construit lors des guerres de Cent Ans pour fortifier le bâtiment, Grez étant à cette époque à la frontière du Royaume de France et de la Bourgogne. Le clocher est fait de blocs de Grès et tranche nettement sur le reste du bâtiment. Dès le passage de la porte latérale à gauche du porche, on se trouve sur une plateforme qui surplombe la nef. Il faut descendre 7 marches pour se retrouver au niveau du sol. Le sol est fait de carreaux de terre cuite (certains décorés de fleurs de lys) et il apparait que ces carreaux ont été remaniés d’une manière anarchique à la suite de fouilles ou de restaurations hâtives. On dénombrait plus d’une centaine d’inhumations dans l’église au début du 19ème siècle. En 1804, Napoléon fit promulguer l’Édit de St Cloud qui imposait la sépulture individuelle dans des cimetières clos de murs, à l’extérieur des villes, pour des raisons d’hygiène. L’ancien cimetière de Grez situé place Jollivet fût transféré, ainsi que les dépouilles mortelles inhumées dans l’église.

L’église abrite les pierres tombales de François de Quiévy, Seigneur du Colombier (un fief de Grès), Mareschau des Logis de Monseigneur le Dauphin et son épouse (1538) et de Jehan Houel (1555) substitut du procureur du Roi. Ces pierres tombales de la renaissance sont de l’atelier de Maitre Clouet. Fernande Sadler note dans son livre sur Grez que les bâtiments du Prieuré et le pressoir du lieu furent brûlés par les Anglais en 1384. L’église eut beaucoup à souffrir aux XIV et XVème siècles suite aux pillages des anglais. La grande nef fût fort éprouvée et restaurée au XVIème siècle. Les voûtes furent refaites. Le collatéral droit fût détruit pendant la guerre de cents ans et l’église privée de ce collatéral présente sur le coté droit un immense mur . Le cloitre qui jouxtait l’église a disparu, l’église et le prieuré ont beaucoup souffert au fil du temps. En août 1944, dans leur retraite, les troupes allemandes firent sauter trois arches du pont de Grez qui n’avait pas un grand intérêt stratégique. La charge fût telle que tous les vitraux de l’église furent détruits (ainsi que toutes les vitres des maisons du village). Ils furent remplacés par des vitraux modernes conçus par le Maitre verrier Gérard.

Le collatéral gauche supporté par des piliers massifs comporte un triforium qui a sans doute été bouché lorsque le toit du collatéral été rehaussé au XVIème siècle. Sous le bas coté du collatéral gauche coule une source qui débouche à l’extérieur de l’église « de dessous la chapelle Saint Hubert » dans la Fontaine St Laurent. Avant la révolution cette fontaine était l’objet d’un culte quasi religieux, on venait avec dévotion boire cette eau en récitant l’oraison de Saint Laurent « Aidez-nous Seigneur, à éteindre les feux de nos vices, comme vous avez donné au Saint Martyr la force de surmonter les brasiers dévorants ». La fontaine Saint Laurent continue fort modestement de couler.
Dans la partie qui date du 12ème siècle et dans les croisillons, les arcs ogives retombent sur des colonnes terminées par des culs de lampes sculptés qui représentent des figures grimaçantes. Les culs de lampes dans la nef recouverte au XVIème siècle sont décorés de feuillages, d’animaux et de petits personnages.

Marie, vous raconte l’histoire de cette fontaine Saint-Laurent @Association La Bulle Tech

En faisant le tour de l’église il est possible de voir différents motifs sculptés qui apparaissent en bordure de toiture. Il s’agit de « modillons » petits blocs de pierre sculptés qui servent à soutenir une corniche, un avant toit ou un balcon. Les modillons et lignes de modillons romans sont représentatifs de la culture médiévale.

Le Prieuré lui aussi a connu beaucoup de vicissitudes au cours des siècles. Malgré tout il a été relativement protégé par les religieux en charge de la paroisse, puis par les différentes municipalités qui se sont succédées depuis la révolution. Propriété de la commune depuis 1821, il servit de résidence au curé desservant de la paroisse jusqu’en 1905, année de la séparation de l’église et de l’état. A partir de 1910 il fut loué à divers locataires jusqu’en 2000, année où la municipalité décida de le reprendre. Aujourd’hui restauré, il va servir de centre multi culturel où se tiendront des expositions, des conférences et des manifestations à caractère culturel.

Visite de l’église comme vous ne l’avez jamais vue